Une rumeur concernant une potentielle démission du ministre des Finances turc, Mehmet Şimşek, a secoué les marchés financiers la semaine passée, comme le rapporte Les Echos. Si le principal intéressé a rapidement démenti, cette « fake news » a suffi à raviver les craintes des investisseurs quant à la stabilité économique du pays. En effet, depuis le début de l’année, la livre turque a chuté de 13 % face au dollar et de 14 % face à l’euro, malgré des taux directeurs fixés à 50 %.
Cette fragilité de la devise turque s’explique en partie par une certaine méfiance des marchés, comme l’illustre la décote de 12 % observée cet été, selon les indicateurs de valorisation de la Deutsche Bank. Une défiance qui s’explique par les crises à répétition qu’a connues la monnaie, malgré les interventions répétées de la Banque centrale. Les analystes de Goldman Sachs, peu optimistes, prévoient une nouvelle baisse de 17 % de la livre turque face au dollar l’année prochaine. Depuis l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdoğan en 2014, la monnaie a perdu plus de 90% de sa valeur.
Cette instabilité chronique s’explique en partie par les choix économiques du président turc qui a longtemps privilégié la croissance économique à la stabilité des prix. Une politique qui s’est traduite par une forte inflation et une valse des gouverneurs de la Banque Centrale. Entre 2016 et février 2024, cinq gouverneurs se sont succédés, souvent contraints au départ pour avoir tenté de mener une politique monétaire indépendante du pouvoir politique. L’inflation, elle, reste hors de contrôle, atteignant encore 62% en juillet dernier malgré des taux d’intérêt multipliés par trois en un an.
Face à cette situation, la Turquie tente d’attirer les investissements étrangers, notamment des fonds souverains du Golfe et d’Afrique. L’objectif ? Financer de grands projets d’infrastructure et soutenir la livre turque. Cependant, la volatilité de la monnaie et l’incertitude politique pourraient freiner l’arrivée de ces investisseurs à long terme, qui recherchent avant tout la stabilité.