La Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme boursier américain, soupçonne plusieurs grandes institutions financières, dont Wells Fargo, Morgan Stanley, Bank of America et Ameriprise, d’avoir utilisé les liquidités inutilisées de leurs clients pour réaliser des investissements plus rentables, sans les en informer, et d’avoir empoché la différence, une pratique connue sous le nom de « cash sweep » ou « balayage de trésorerie » en français.
Des taux d’intérêt avantageux pour les banques, au détriment des clients
Selon la SEC, les taux d’intérêt versés par certaines sociétés de gestion de patrimoine ou de fortune à leurs clients pour rémunérer les liquidités figurant sur leurs comptes sont devenus problématiques. En effet, ces taux sont bien inférieurs aux rendements que les banques perçoivent en plaçant ces mêmes fonds sur les marchés monétaires, notamment depuis que la Réserve fédérale américaine a relevé ses taux directeurs à plus de 5 %. “Il s’agit d’un important transfert de richesse du client vers la banque”, a déclaré au journal économique Les Echos Robert Finkel, associé principal de Wolf Popper, qui a intenté une action en justice en février contre Morgan Stanley au nom de ses clients.
Des pratiques contraires à la loi ?
Ces pratiques pourraient être contraires à une loi américaine datant de 1940, qui impose aux conseillers en investissement d’agir au mieux des intérêts de leurs clients. Dans ce cas précis, les banques auraient dû informer leurs clients qu’ils pouvaient obtenir des placements plus rémunérateurs en plaçant leurs liquidités inutilisées sur d’autres comptes. “Alors que cette croissance était, et continue d’être, très lucrative pour Morgan Stanley et ses filiales, le stratagème de Morgan Stanley était et continue d’être extrêmement préjudiciable à ses clients”, ont fait valoir des plaignants. Les banques américaines ont nettement profité de la hausse des taux, au détriment de leurs clients. Rien qu’en 2023, Morgan Stanley a généré plus de 8 milliards de dollars de revenus d’intérêt grâce à l’écart entre les taux versés aux clients et les taux plus élevés obtenus par la banque en prêtant les fonds déposés, d’après une enquête des Echos.