Janet Yellen, la secrétaire au Trésor américain, se retrouve au cœur d’une polémique. L’économiste Nouriel Roubini et Stephen Miran, ancien du Trésor sous Donald Trump, suggèrent dans un article pour Hudson Bay Capital que le Trésor manipule les émissions d’emprunts d’État pour influencer les taux d’intérêt à long terme.
Leur théorie ? Maintenir des conditions de financement attractives pour soutenir l’économie américaine et, par conséquent, favoriser le camp démocrate lors de la prochaine élection présidentielle. Ils pointent du doigt le choix du Trésor, en novembre dernier, de privilégier les bons à court terme, influençant ainsi à la baisse les rendements des bons du Trésor à 10 ans. « Le Trésor gère de manière dynamique les conditions financières et, à travers elles, l’économie, usurpant le rôle de la Réserve fédérale », affirment-ils.
Des accusations vivement démenties par Janet Yellen, qui les qualifie de totalement infondées. « Je peux vous assurer à 100 % que ce n’est absolument pas le cas. Nous n’avons jamais discuté de quoi que ce soit de ce genre », a-t-elle déclaré. Joshua Frost, responsable des opérations de marché au Trésor, insiste sur le caractère régulier et prévisible de la politique d’émission, s’inscrivant dans une « stratégie visant à emprunter au coût le plus bas au fil du temps ».
Interrogés par Bloomberg, les professionnels des marchés émettent des doutes quant à la solidité des arguments avancés par les économistes. Un haut fonctionnaire du Trésor souligne même des erreurs factuelles dans leur article, notamment concernant le volume des émissions de bons du Trésor. Selon lui, Stephen Miran et Nouriel Roubini se basent sur des prévisions obsolètes plutôt que sur les chiffres réels.