Alors que le Dow Jones perdait le quart de sa valeur en deux jours lors du krach de 1929, les titres français cédaient moins de 4 %, selon une étude de David Le Bris (Toulouse Business School) et Raphaël Hekimian (ISG International Business School). Comment expliquer une telle différence de réaction face à cette crise majeure ?
Un marché boursier segmenté et peu mondialisé
A cette époque, le marché boursier américain ne dictait pas encore sa loi à la planète financière. Les marchés étaient très segmentés et peu corrélés entre eux, limitant les risques de contagion. Le lien entre les actions françaises et américaines était faible, voire nul. Les investisseurs français étaient avant tout exposés à leur propre marché boursier et peu diversifiés à l’international. « Ce n’est que le 5 décembre 1929 que la mention d’un ‘marché baissier’ est apparue dans les comptes rendus des réunions de la Compagnie des agents de change. Les journaux français ont mentionné le krach de Wall Street mais sans établir un lien avec un effet sur la Bourse de Paris », notent les chercheurs.
La France, un îlot de prospérité relative ?
Par ailleurs, la France connaissait une situation économique particulière suite à la dévaluation du franc de 1928. Le pays enregistrait un excédent commercial et une hausse de son stock d’or. Ces réserves importantes ont pu rassurer les investisseurs et les inciter à rester positionnés sur la Bourse de Paris, malgré la crise qui secouait Wall Street. Cette situation met en lumière l’importance, pour les investisseurs d’aujourd’hui, de diversifier leurs placements à l’échelle internationale afin de mieux résister aux fluctuations des marchés. Comme le souligne Les Echos, « la bonne résistance de la Bourse de Paris l’année du krach peut être une conséquence de la situation financière de la France ». La crise financière de 1929 rappelle que chaque période économique présente des spécificités et que les événements, même majeurs, peuvent avoir un impact très différent selon les zones géographiques.