Depuis vendredi dernier, les taux obligataires britanniques à 10 ans ont franchi la barre symbolique des 4%, enregistrant ainsi une hausse de plus de 15 points de base par rapport à la mi-août. Le Royaume-Uni se retrouve avec les coûts d’emprunt les plus élevés parmi les principales économies mondiales, surpassant même les États-Unis, où le taux à 10 ans s’établit à 3,85%, selon les données publiées par Les Echos.
Un écart de taux inédit avec les États-Unis
Plus préoccupant encore, l’écart de taux (spread) entre les obligations britanniques et américaines à 10 ans a atteint son plus haut niveau en un an. Les investisseurs exigent désormais une prime de risque plus élevée pour prêter au Royaume-Uni qu’aux États-Unis, une situation inversée par rapport à celle observée jusqu’au début du mois d’août.
Ce phénomène s’explique par des divergences de perspectives concernant l’évolution des politiques monétaires des deux côtés de l’Atlantique. Alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) s’apprête à baisser ses taux directeurs dès septembre, la Banque d’Angleterre (BoE) semble plus hésitante après avoir déjà procédé à une baisse d’un quart de point le 1er août dernier. Cette prudence s’explique par la reprise économique plus forte que prévu au Royaume-Uni, avec une croissance revue à la hausse à 1,5% pour 2025, ainsi que par la résurgence des pressions inflationnistes, notamment dans le secteur des services.
Par ailleurs, les annonces de dépenses supplémentaires du nouveau gouvernement travailliste, qui a déjà emprunté plus du double du montant attendu par les investisseurs depuis son arrivée au pouvoir début juillet, contribuent également à la tension sur les taux britanniques. Cette augmentation des besoins de financement du gouvernement britannique pourrait inciter les investisseurs à exiger une rémunération encore plus importante, maintenant ainsi la pression sur les taux obligataires.